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— Un dernier mot, monsieur le lieutenant : veuillez excuser, et vous aussi, mademoiselle, le pitoyable marchandage par lequel j’avais commencé. C’est un peu notre habitude, à nous autres Américains, de traiter toutes les questions comme nous traitons les affaires ; mais cette manière, je n’hésite pas à le reconnaître, est indigne de vous. Si donc vous ne croyez pas devoir accéder à ma proposition, je vous donnerai néanmoins l’hydrogène nécessaire pour vous mettre en état de repartir où vous voudrez.

Il appuya sur ce dernier mot, puis gravement :

« Veuillez seulement considérer, acheva-t-il, qu’en partant seul, vous risquez la perte du ballon que vous voulez conserver à votre pays.

« Et veuillez surtout réfléchir que, si vous refusez d’aller au Pôle en ayant le moyen, jamais homme n’aura passé aussi près que vous de l’immortalité… une immortalité qui rejaillirait sur votre pays, monsieur l’officier français ! »

Un silence impressionnant suivit cette éloquente adjuration. Ce fut Christiane qui le rompit :

— Madame, fit-elle d’un air décidé, voulez-vous permettre qu’on nous laisse seuls un instant ? M.  Durtal portera sa réponse définitive à sir James tout à l’heure.