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— Combien supposez-vous qu’il faille de temps encore pour vous remettre en état de partir ?…

— Pour restituer complètement au ballon tout le gaz qui lui manque, il nous faudrait plusieurs heures, même avec un jet aussi puissant que celui-là et qu’on n’oserait jamais employer dans un gonflement normal. Pour pouvoir nous enlever tous les six, l’aérostat étant délesté de l’appareil du docteur, du traîneau et d’une partie des provisions, il faudra deux heures, peut-être moins…

— Pauvre traîneau ! laissez-moi le conduire dans la grotte. Nous lui devons beaucoup… Qui sait s’il ne pourra pas rendre d’autres services à ceux qui viendront après nous ?…

— Je vous reconnais bien là, Christiane !… mais je serais si inquiet de ne pas vous voir la près de moi… Sait-on jamais, avec la soudaineté des orages dans ces régions où aucune montagne n’arrête le vent sur plus de mille kilomètres…

Je ne perdrai pas de temps… Voyez, le docteur Petersen s’occupe lui aussi de transporter là-bas les pièces de son appareil… Et puis, je veux faire une dernière prière auprès de ces deux abandonnés…

—Promettez-moi d’avoir constamment l’œil sur l’aérostat… Il est encore immobile et c’est comme un répit providentiel…

— Ah ! monsieur le fataliste, vous en arrivez a la Providence !

— J’arrive à tout avec vous, Christiane… N’êtes-vous pas mon inspiratrice, ma vie,… tout pour