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— Hâtons-nous, docteur, intervint Georges Durtal. Le baromètre continue à baisser… l’ouragan ne doit plus être loin… S’il nous trouve ici, nous serons enlevés comme un fétu de paille.

— Le baromètre a baissé ? interrogea le savant qui avait remis ses lunettes.

— Oui, de 24 millimètres, depuis deux heures du matin.

Le front du docteur se barra d’un pli.

— Alors oui, fit-il, hâtons-nous, car cette dépression est considérable sur cette banquise dénudée. Je ne serais pas surpris que nous tombions dans un véritable cyclone…

— Vite ! sir lames, dit l’officier. Aidez-moi à visser ensemble ces deux tubes.

— Et moi qui venais vous demander de suspendre le départ et d’attendre encore quelques heures ! fit le savant en regardant au zénith !… Car si vous partez de suite, c’est la plus grande satisfaction réservée au premier explorateur du Pôle qui m’échappe.

— Laquelle donc ? demanda l’Américain.

— J’ai disposé mon appareil dans un état d’horizontalité parfaite ; la lunette est dirigée vers le zénith avec une correction de 0° 46’3l”, correspondant a l’écart vers α de la grande Ourse de l’Étoile polaire, écart qui correspond au jour où j’opère. À la première éclaircie, l’Étoile polaire doit m’apparaître exactement, rigoureusement, à la croisée des fils de mon objectif… Comprenez-vous