Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/166

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que, dans toutes les Académies, on lira, on proclamera en séance solennelle.

Georges Durtal avait écouté distraitement la requête de Petersen. La seule idée qui en découlait pour lui, c’était que celui-là aussi croyait au retour triomphal, aux apothéoses des Instituts, à l’immortalité de son nom, alors que lui seul, aérostier compétent, était de plus en plus convaincu que leur retour à tous était impossible.

Sa requête restant sans réponse, Petersen insista sur le mode lyrique.

— Et si le ballon n’est plus là quand votre observation sera terminée, docteur ? répondit l’officier, dans un geste d’impatience.

— Que voulez-vous dire ?

— Si le vent se lève, nous entraîne vers l’inconnu pendant que vous serez là-bas, comme il eût pu advenir pour vous pendant que nous y étions…

Et Georges Durtal pensa :

— Comment peut-il supposer que je laisserai ma fiancée refaire, sans moi, ce périlleux trajet ?

Mais le savant n’était pas de ceux dont on se débarrasse aisément…

Tout à son rêve prestigieux, il revint à la charge, suivant le lieutenant, pas à pas, dans les déplacements nécessités par l’examen de l’état de stabilité de l’aérostat.

— Enfin, commandant, fit-il en désespoir de cause, puisque vous ne voulez pas, et je le conçois, que Mlle de Soignes me conduise là-bas, pourquoi