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tage. Nous éluciderons cela avec leurs carnets, que j’emporte : l’un d’eux a l’air tenu au jour le jour… Mais, j’y pense, notre Norvégien de Petersen nous le traduira.

Georges Durtal essayait en vain d’arrêter ce flux de paroles. Il ne savait qu’admirer le plus, ou de la tenace confiance de cet homme dans le sauvetage final, ou de sa parfaite inconscience de leur situation à tous.

Il se borna à répondre :

— Pour peu que nous tardions encore, sir Elliot, nous ne retrouverons plus le docteur Petersen.

— N’exagérons rien, fit l’Américain : le temps est toujours au calme plat et le Patrie est assez gros pour que nous le retrouvions malgré la brume.

— La brume est encore épaissie par cette neige qui tombe… Et cette neige même a fait déjà disparaître les traces de nos pas. Plus nous tarderons, plus nous risquerons de nous perdre.

— Non pas. J’ai ma boussole de poche, et, en partant, j’ai pris note de l’azimuth de notre direction par rapport à l’aiguille : 67 degrés… J’ai même constaté que ce chiffre ne correspondait point avec celui que le docteur nous avait donné sur la direction que devait faire l’aiguille aimantée au Pôle, 62°. C’est une observation capitale, puisque le Pôle magnétique est très exactement connu. Il faudra que notre savant s’explique sur cette divergence.

— Partons, de grâce, sir Elliot, fit Christiane impatientée.