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Divers objets gisaient à terre à côté d’eux ; les exilés du Pôle semblaient les avoir placés à portée de leurs mains, comme s’ils eussent été incapables de se mouvoir hors de leur couchette pour aller les chercher.

Il y avait la une lanterne, un petit fourneau, une pharmacie portative en désordre, deux bidons d’alcool vides, des boîtes de conserve ouvertes ; contre la paroi, un fusil à deux coups voisinait avec une pelle et deux pioches, les outils qui avaient servi aux martyrs du Pôle à creuser leur propre tombe.

Mais, parmi toutes ces choses si disparates, on ne discernait plus ni provisions, ni vivres.

Manifestement, les passagers de l’Aigle étaient morts de faim.

— Lequel est Andrée ? murmura l’Américain.

C’était la question que tous se posaient.

Nul n’y répondit, car nul n’avait connu le Suédois.

Au moment de sa tentative, ses traits avaient paru dans tous les journaux, mais, même s’ils étaient restés gravés dans la mémoire de ceux qui étaient là, comment les retrouver sur ces faces parcheminées ?

Était-il la seulement, celui qui avait été l’âme et le chef de l’expédition, et n’était-ce pas lui qui manquait à l’appel funèbre que faisaient en eux-mêmes les passagers du Patrie ?…

Ils étaient partis trois en 1897, Andrée, Strindberg et Fraenkel. Lequel avait disparu ?

Et comment avait-il disparu ?

Avait-il été projeté hors de la nacelle dans le traî-