Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Où êtes-vous ?

— Dans une espèce de grotte… Andrée est là ! Andrée est là !

Les yeux de la jeune fille s’agrandirent comme à l’apparition d’un spectre.

— Vite ! répéta mistress Elliot. Laissez-vous glisser !

— Allons vite, Georges, fit Christiane fiévreusement.

— Permettez que je vous précède, dit le jeune homme. Vous vous laisserez aller et je serai là pour vous recevoir…

— Oui, je vous suis. Allez. Georges.

Et quand tous quatre furent réunis dans cette cavité manifestement creusée de main d’homme et qui s’enfonçait au flanc de la muraille de glace, ils furent saisis de la mystérieuse impression de respect qu’éprouvaient les anciens en pénétrant dans les sanctuaires fameux ou dans les bois sacrés.

Car, à la lueur de la lampe électrique portative que l’Américain emportait partout et qu’il venait d’allumer, le spectacle qui s’offrait aux yeux des naufragés de l’air était le plus poignant qu’une imagination humaine pût rêver.

La cavité où ils se trouvaient était une sorte de boyau, de trois mètres de large, sur huit à neuf mètres de profondeur, creusé dans la glace, et dont la voûte allait s’abaissant vers le fond.

Les parois en étaient noires et enfumées.

Dans la partie la plus large, deux cadavres étaient