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tenant Peary qui a atteint 87° 6′. Toutes ses tentatives depuis dix-huit mois pour franchir la banquise ont échoué ; il n’a plus que quatre mois devant lui pour remplir les conditions de son pari et il en désespère presque entièrement, lorsque l’arrivée du Patrie No 2 lui inspire un projet bien digne d’une cervelle américaine.

Pourquoi le lieutenant Durtal ne lui louerait-il pas son ballon pour une semaine ? il ne faut que 30 heures à la vitesse normale du Patrie, 75 kilomètres à l’heure, pour atteindre le Pôle, soit moins de huit jours pour aller et revenir. Le milliardaire ne regardera pas au prix.

L’officier refuse énergiquement. Il est responsable de cet aérostat vis-à-vis de ses chefs, vis-à-vis du gouvernement français et n’a pas le droit de le louer ; il doit le ramener à son hangar de Verdun. « Ne comptez pas sur moi pour cela », lui notifie alors l’Américain ; et au même moment on apprend que Bob Midy, un nègre aux allures de singe qui court partout et se hisse partout, a occasionné une déperdition d’hydrogène en faisant jouer la soupape du dirigeable pour s’amuser. C’est le Patrie cloué sur cette grève déserte. Et la discussion entre les deux hommes tourne à l’aigre.

Mais l’Américain, qui voit à quelle nature chevaleresque il a affaire, s’excuse d’avoir voulu peser par un chantage sur la détermination du jeune officier ; il lui fournira l’hydrogène perdu, l’aidera au rapatriement de l’aérostat, mais une dernière fois