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— D’après le docteur, oui… Mais je crois…

Un cri perçant de mistress Elliot interrompit le jeune officier. Elle venait de remarquer la balafre qui zébrait la joue de son mari.

Celui-ci, en guise de réponse, la conduisit au sommet de la dune et lui montra le cadavre de l’ours.

Puis, en quelques mots, il lui raconta ce qui venait d’arriver.

Tous quatre se réuniront autour de l’animal étendu. Il paraissait plus gigantesque encore, allongé dans la neige et déjà raidi par le froid.

— Ah ! mon Dieu, fit l’Américaine, toute bouleversée. Et moi qui avais pris ce premier coup de feu pour une salve triomphale en l’honneur du Pôle !…Alors, faute de quelques minutes, James… vous étiez dévoré par cette horrible bête !… et c’est moi, James, moi, dont le ridicule amour-propre vous avait envoyé en avant…

— Monsieur, fit-elle en s’adressant au jeune officier, combien j’ai de regrets à vous exprimer !… Car tout ici est mon fait, et je veux m’en accuser bien haut, car Dieu sait parfaitement rendre à chacun selon ses œuvres. C’est moi qui ai poussé James.

— Et c’est moi qui ai poussé Georges, fit en riant Christiane.

— Il est de fait, conclut l’Américain, que dans notre extraordinaire expédition, ce sont les femmes qui nous poussent : ce sont elles qui montrent le plus de décision, et la conclusion, c’est que nous