nous nous mettrons en route pour la terre François-Joseph. Les provisions ne nous manqueront pas et cet ours arrive à point pour nous montrer que nous pouvons compter sur du gibier, même dans ces régions inconnues. Avec le traîneau pour les deux femmes, les vivres et notre provision d’essence, que nous faudra-t-il ? Quarante… Cinquante jours au plus ?…
Mais, ce pôle, il faut d’abord l’atteindre. Allons-y commandant, partons ensemble.
Malgré lui, le jeune officier admirait cette ténacité anglo-saxonne.
Cet homme avait déjà oublié sa dangereuse aventure et ne songeait plus qu’à l’objectif poursuivi sans trêve depuis vingt mois.
— Mais nous y sommes, au Pôle, sir James, si vous tenez compte de l’erreur probable inhérente à l’instrument du docteur. Qu’est-ce que les 3.000 à 3.200 pas qui nous restent à faire ?… Le Pôle, si nous le voulons, c’est le cadavre de cet ours.
— Non pas… J’ai une confiance absolue dans les calculs de notre savant, et d’ailleurs c’est si peu de chose, ces 3.000 pas… faisons-les… Je suis un peu courbaturé, mais j’irai bien jusque-là.
Et comme Georges Durtal, l’air préoccupé, ne répondait rien :
— Il serait même de toute justice maintenant que vous m’y devanciez, fit l’Américain en riant.
Georges Durtal était monté sur la crête de la dune au fond de laquelle s’était déroulée toute cette scène