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— Ce n’est pas de cela qu’il s’agit, sir James. Mais, pour toucher le montant de votre pari, il vous faut rentrer en Amérique, et nous n’avons, entendez-moi bien, aucun moyen d’y revenir : le Patrie a perdu trop d’hydrogène, il ne s’enlèvera plus.

— Même en jetant tout votre lest ?

— Ce serait insuffisant.

— Et le traîneau ?… les provisions ?…

— J’y ai songé. Ce ne serait pas assez, vous dis-je.

— Et Bob Midy ?

— Comment ?…

— Eh ! oui, si nous devons laisser quelqu’un ici, ce sera lui : un nègre, ça ne compte pas !…

Et comme Georges Durtal, interloqué, ne répondait rien :

— Écoutez-moi, mon cher commandant. Je ne puis croire qu’un voyage aussi bien commencé que celui-ci s’achève dans une catastrophe, et le danger auquel je viens personnellement d’échapper me confirme dans cette conviction. Il doit y avoir un moyen de repartir ; je ne sais lequel, mais j’ai confiance en vous, vous aviserez… N’avez-vous pas déjà trouvé moyen d’éviter la chute brutale, alors que vous aviez quelques minutes à peine de réflexion devant vous ?… Vous aurez le temps voulu tout à l’heure pour réfléchir… Vous nous sortirez de là…

— Je ne puis fabriquer de l’hydrogène, et il n’y aurait que ce moyen d’en sortir, sir James…

— Eh bien, s’il nous faut abandonner l’aérostat,