Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Espérons qu’il y a des saisons, ou des années, où l’atmosphère se dégage, comme partout ailleurs. Qui sait ? en hiver il fait peut-être ici, pendant la nuit de six mois, un temps magnifique, avec une limpidité d’atmosphère qui triple l’intensité lumineuse des étoiles… Non, je ne renoncerai pas aisément à ce rêve de voir au Pôle, dans un temps plus ou moins proche, une mission scientifique, étudiant l’hémisphère boréal et surtout le troublant problème de l’origine de l’humanité…

— Et vous accepteriez d’en être le chef ? demanda l’Américain.

— Avec une joie infinie… On se fait au froid. Voyez, Nansen a supporté 52° ; nous avons maintenant 43°, l’air de la marche nous fouette la figure : nous endurons cela fort bien, grâce à nos multiples pelures et à nos masques. S’il fait au Pôle en plein hiver 60, 65°, c’est un grand maximum. Or, à cette température, on peut vivre, et bien vivre, avec des provisions et de l’alcool.

— Je croyais que l’alcool était pâteux à 60°, fit l’Américain.

Non pas. Quand il est absolu, il devient visqueux dans un mélange de protoxyde d’azote liquide et d’acide carbonique, c’est-à-dire à 100° au-dessous de zéro. Il a d’ailleurs été solidifié à -130° ; mais, par les plus grands froid du Pôle, il pourrait servir à tous les usages, mécaniques, caloriques, etc.

L’avenir est à l’alcool, dit l’Américain. Il va sup-