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mières sections d’un régiment bavarois, il leva son sabre, hurla un frénétique : « En avant !… À la baïonnette ! » Et nous partîmes !


En avant !… À la baïonnette !


À ceux qui viendraient me raconter, avec menus détails, leurs impressions au cours d’une pareille charge à la baïonnette, je répondrai volontiers qu’ils sont doués d’une rare vivacité d’imagination.

Ces choses-là, on les vit, on ne les voit pas ! On passe au milieu d’elles, comme dans un cauchemar, oublié à l’heure du réveil. En tous cas, la vie du cerveau s’arrête et se fige sur cette idée unique et terrible : « Passer en tuant ! »

C’est ce que je fis ; et quand, après cinq ou dix minutes de course folle, de lutte enragée, nous nous arrêtâmes d’instinct à l’abri d’un hangar démoli, près de la route de