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afficher jusque sur l’une des portes de la citadelle d’Hanoi, et que Georges lut en débarquant. Vous y verrez que les peuples les plus lointains y connaissaient nos défaites de 1870, et y faisaient de cruelles allusions.


« Le guerrier robuste Liu fait la déclaration suivante aux Français :

« Vous n’êtes que des brigands hors la loi.

« Vous avez été battus comme des femmes et les autres nations ne font pas le moindre cas de vous.

« Vous avez le cœur d’un vil animal et votre conduite est celle des bêtes fauves.

« Vos crimes sont aussi nombreux que les cheveux de votre tête.

« Toute la population est irritée et le ciel crie vengeance.

«  Aujourd’hui encore, j’ai reçu des ordres pour vous faire la guerre ; j’ai conduit mes troupes à Phuoc-Hai-Duc ; mes drapeaux et mes lances obscurcissent le ciel ; mes fusils et mes sabres sont aussi nombreux que les arbres d’une forêt.

« Mais je ne veux pas causer de peine aux habitants de Hanoï, et je ne prendrai pas pour lieu de combat leur territoire. C’est pourquoi je vous fais savoir que, si vous êtes assez forts, vous n’avez qu’à conduire vos troupes de baudets à Son-Tay pour qu’elles se mesurent avec moi. — Si vous avez peur, si vous n’avez pas assez de courage pour y venir, eh bien ! coupez et prenez les têtes du Consul, du Commandant en chef, du Chef de bataillon, des Capitaines, et envoyez-les-moi à ma résidence. Rendez ensuite les citadelles, retournez en Europe, et j’aurai alors assez de pitié pour ne pas vous poursuivre et vous massacrer.

« Si vous tardez trop à venir, ou si vous ne venez pas, je ferai descendre mon armée et je viendrai vous tuer tous jusqu’au dernier.

« En conséquence, réfléchissez bien.

« Cachet de Liu-Vinh-Phuoc. »


Pour répondre à de telles provocations, il fallait un succès éclatant, et, avec l’infanterie de marine, on avait envoyé à l’amiral Courbet un millier de marins, deux bataillons de turcos, un bataillon de la légion et un escadron de chasseurs d’Afrique.

C’était une petite armée ; une partie, sous les ordres du colonel Bichot,