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vouloir à Barka, riposta l’Arabe. Li sait bien que c’est tout d’même bon meslem (musulman).

— Enfin ! dit M. d’Anthonay, tu as au moins la reconnaissance du ventre.

— Vui !… Sidi Ramblot bon garçon ! Li donner bon dîner à Barka, ci pour ça je l’ai reconnu !

— Diable ! opina Georges. À quoi tient la destinée ! Sans ce fameux repas… qui sait si nous aurions jamais retrouvé notre malheureux ami !… Mais où est-il ?

— Dans un tata[1], tout près Kérouané !

— Est-il fortement occupé ?

— Z’y sont bien trois mille !

— Trois mille hommes ?… Tu exagères

— Non ! j’dis l’vérité !

— Diable ! Diable ! murmura le capitaine Cassaigne. Ça va être dur !

— Oh ! nous en viendrons à bout, fit Georges ; n’avons-nous pas notre canon ?

D’accord ! dit alors M. d’Anthonay, mais si notre marche en avant est éventée par l’ennemi, ces brigands sont capables de massacrer leur prisonnier ! Ne ferions-nous pas mieux de parlementer et d’offrir la rançon que j’apporte ?

C’était en effet, mes enfants, une situation des plus difficiles, et certes, les chefs de la colonne française étaient perplexes.

Il y eut un silence que le capitaine Cassaigne rompit le premier.

— Essayons donc, tout d’abord, de la conciliation, fit-il. Barka ! Tu vas envoyer là-bas un messager avec les propositions suivantes. À propos ! quel chef commande le tata ?

— Ci Lakdar… un sofa.

— Tu le connais ? Est-il bien armé ?

— Vui !… z’a des moukalas anglais !

— Eh bien ! tu vas lui faire dire que, s’il ramène ici M. Ramblot, on lui comptera contre la remise du prisonnier…

— Trente mille francs !… articula M. d’Anthonay qui termina la phrase.

  1. Poste nègre fortifié.