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CHAPITRE X

les aventures d’un roi nègre


Ce ne fut pas sans peine que Georges Cardignac parvint à s’arracher à l’amitié un peu encombrante de l’ancien turco.

L’officier avait en effet mis pied à terre, et Barka, lui saisissant les mains, s’était mis à danser une gigue joyeuse qu’il accompagnait d’exclamations arabes. Moitié riant, moitié ennuyé, notre ami le « petit marsouin » se voyait contraint de suivre le mouvement. Ça ne pouvait pas durer !

— Allons ! mon brave, fit-il en se dégageant, en voilà assez pour une fois ! Calme-toi ! N’oublie pas que tu es aujourd’hui presque un monarque, et que tu dois conserver ta dignité vis-à-vis de tes noirs !

— Ci ça qui j’men moque ! par exemple ! riposta l’Arabe ; si sont pas contents, ci que j’leur fais donner l’bastonnade !

— Diable ! tu as des procédés un peu vifs !

— Ci comme ça qui faut faire ! Sans ça z’obéissent pas !

— Ah bah ! Je vois que tu n’as pas réussi à leur inculquer les principes que tu as reçus au régiment. Mais il ne s’agit pas de cela pour le moment, car nous ne sommes pas venus ici pour nous amuser. Et s’adressant à Pépin.

— Il faut envoyer prévenir le capitaine.

— C’est fait, mon lieutenant ! Baba est parti pour annoncer que nous sommes en pays de connaissance.