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lut dans le regard moins voilé de la malade quelque chose de très doux.

Le cinquième jour tout danger avait disparu : il ne restait plus à combattre qu’une grande faiblesse, et M. d’Anthonay, rassuré maintenant du côté de l’enfant, ne cessait de répéter en parlant du père :

— Si seulement des nouvelles arrivaient !… Ce jour-là, elle interrogea plus anxieusement que d’habitude : savait-on quelque chose ?

Georges trouva, pour lui donner de l’espoir, des accents chaleureux : puisqu’un ancien tirailleur français n’avait pas hésité à envoyer un premier message, il en renverrait certainement un second, sachant qu’il serait récompensé, et, puisque M. Ramblot vivait, puisqu’il avait été épargné jusque-là, il n’y avait pas de raison pour qu’il fût sacrifié par Samory, qui vraisemblablement cherchait, en se servant d’un intermédiaire, à tirer rançon de son prisonnier.

Et la rançon, ajouta M. d’Anthonay, je l’ai apportée avec moi.

Mais Georges affirma avec fougue que, quand on connaîtrait le lieu où M. Ramblot était prisonnier, le plus sûr serait de marcher rapidement et secrètement pour opérer sa délivrance de vive force ; car si on discutait, si on « palabrait », on donnait aux noirs, allumés par l’apport d’une forte somme, l’idée d’exiger toujours plus et de déplacer leur prisonnier comme un appeau. Quant à lui, Georges, il se chargeait avec son seul peloton de le ramener sain et sauf, dût-il l’aller chercher au milieu des bandes de l’Almany !

Elle l’écoutait, les yeux brillants, et M. d’Anthonay, enveloppant les deux jeunes gens d’un regard souriant, allait répondre en faisant valoir quelques arguments plus rassis, lorsqu’un spahi souleva la toile qui fermait l’entrée de la paillote.

— Messieurs !… Le commandant du fort vous réclame !… Il paraît qu’il y a des nouvelles !

Le docteur Hervey, qui rentrait en même temps, répéta ces mots à la volée et se hâta vers la table où il déposa les fioles et les paquets qu’il apportait.

Laissant alors Lucie Ramblot aux soins du médecin, M. d’Anthonay et Georges Cardignac se rendirent jusqu’au gourbi du commandant. Le capitaine Cassaigne s’y trouvait déjà.

— Il y a du bon ! dit ce dernier en les apercevant.