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colonie de soutenir le plus activement les tentatives de transactions commerciales ; il connaissait aussi M. Ramblot, dont il appréciait particulièrement l’activité et l’esprit d’initiative, et qui avait maintes fois facilité à ses colonnes l’œuvre de pénétration sur la rive droite du Sénégal, en lui envoyant des renseignements sur la topographie du pays. Aussi montra-t-il une véritable anxiété lorsque l’ancien magistrat lui fit part de ses craintes sur le sort du hardi commerçant. Se dirigeant vers une vaste carte qui garnissait l’un des panneaux de son cabinet, il se fit montrer la direction qu’avait dû prendre la petite caravane organisée par M. Ramblot, et au bout d’un instant de réflexion :

— Ce que je redoute le plus pour lui, dit-il, c’est la rencontre des Maures ; cette région du Ouassoulou est déjà fort éloignée du centre de leurs incursions, mais comme ils ont dépeuplé la plupart des villages de la rive droite du Sénégal, ils doivent éprouver le besoin de pousser plus loin pour trouver des villages peuplés et des populations moins méfiantes ; il n’y aurait donc rien d’étonnant à ce que leurs traitants eussent atteint le Ouassoulou ; ils ne se soucient pas plus de Samory que du plus minuscule des roitelets nègres, et, leur coup fait, ils seront remontés vers le nord avec leurs captifs.

— Alors, vous supposez que M. Ramblot serait entre leurs mains ?

— C’est une supposition que je n’appuie sur rien, n’ayant pas plus de nouvelles que vous : il peut tout aussi bien être entre les mains de Samory lui-même, ce qui vaudrait mieux, car ce serait une question de rançon. Peut-être dans quelques jours recevrai-je une dépêche du commandant du poste de Kita, qui a évidemment dû envoyer des émissaires à sa recherche. Je vous les communiquerai.

— Je n’aurai jamais la patience de les attendre, mon colonel ; je préfère voir par moi-même et, pour cela, profiter du convoi qui remonte jusqu’à Médine et qui part demain.

— Mais que comptez-vous faire ?

— Rien, sans votre aide, je le sais ; mais je connais votre cœur : je sais que cette aide vous ne la refuserez pas à des Français, venus dans ce pays comme dans une seconde patrie ; je suis donc sûr qu’un mot de vous au commandant du poste de Médine me précédera.

Le colonel réfléchissait.

— Savez-vous que c’est une véritable expédition que vous me demandez-