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CHAPITRE VIII

en route vers le niger


Lorsque Georges Cardignac débarqua à Saint-Louis, en février 1880, la capitale du Sénégal était loin d’être la belle et grande ville qu’elle est devenue aujourd’hui.

Construite presque entièrement à la mauresque, c’est-à-dire formée de maisons à terrasses, sur la blancheur desquelles tranchaient quelques rares cocotiers, elle occupait une île de sable, qui sépare le Sénégal en deux bras, à vingt-cinq kilomètres environ de son embouchure.

À l’est de l’île, un pont de bateaux reliait la ville à la terre ferme ; à l’ouest, un autre pont sur pilotis, jeté sur le petit bras du fleuve, donnait accès à la longue bande de sable que les passagers du Stamboul avaient aperçue du large.

Le palais du Gouverneur, grand bâtiment carré à toiture plate, occupait le milieu de la ville ; dès le lendemain de leur arrivée, les officiers des deux compagnies d’infanterie de marine s’y rendirent, ayant revêtu la tenue d’Europe, modifiée seulement par le casque colonial qui, au Sénégal, ne se quitte jamais.

Le colonel Borgnis-Desbordes, qui remplissait les fonctions de commandant supérieur, reçut les nouveaux venus avec une grande cordialité.

— Soyez doublement les bienvenus, messieurs, leur dit-il ; le renfort que vous m’amenez formera prochainement le noyau d’une colonne que j’ai l’intention de pousser vers le Haut-Fleuve ; ça remue là-bas ! Ahmadou, le sultan