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coupée d’un carrousel où brillent les plus hardis cavaliers, et le tout se termine le soir par une revue, jouée dans un manège, et où sont chansonnés les faits marquants de l’année Saint-Cyrienne. Le bal et la fête foraine ne sont pas oubliés ; les élèves font danser les femmes de leurs officiers, et les modestes lanternes vénitiennes d’autrefois ont cédé la place à des lampes électriques qui inondent de lumière le Petit Bois.

Cette journée est comme le dernier éclat de la gaieté des élèves avant la fin de l’année ; car, à peine les derniers vestiges en ont disparu, que commencent les examens de sortie.

De nouveaux examinateurs, désignés par le Ministre, viennent s’adjoindre aux professeurs de l’École, et chaque Saint-Cyrien subit, devant ce redoutable aréopage, toute la série des questions prouvant qu’il possède complètement le programme d’instruction d’un officier.

C’est le mois terrible, le mois de « pompe » comme on l’appelle, et lorsqu’il eut fermé son dernier cours et passé son dernier examen, Georges, exténué, n’eut plus qu’une idée : se sauver en vacances et ne plus ouvrir ni un livre ni un cahier pendant trois mois.

Telle est d’ailleurs l’impression générale des deux promotions, et elle se traduit chez les anciens par un arrachage complet de tous les cahiers qui ont servi pendant l’année à prendre des notes : ils sont mis en morceaux aussi menus que des confettis, et, dans le dernier train qui emporte les futurs officiers, ces morceaux de papier, jetés par les portières, laissent tout le long de la voie comme une trace neigeuse.

Ne croyez pas cependant, mes enfants, que les Saint-Cyriens se débarrassent ainsi des cours qui leur ont été faits pendant leurs deux années et qu’ils devront si fréquemment consulter encore par la suite. Ces cours, qui représentent un volume considérable, leur sont remis autographiés, et sont conservés soigneusement, avec le plumet, le shako bleu et les épaulettes rouges que, blanchi sous le harnais, l’ancien élève de Saint-Cyr ne regardera jamais sans émotion, en les retrouvant au fond d’une malle.

Les examens passés, les élèves n’avaient plus qu’un devoir à remplir : faire choix d’un régiment, et, fidèle à ses premières préférences, Georges Cardignac demanda le 1er régiment d’infanterie de marine, stationné à Cherbourg.

Avec lui faisait choix du même corps un Alsacien nommé Zahner, un