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CHAPITRE V

à Saint-Cyr (1875-1877)


Le 29 octobre 1875, une femme en noir, l’air grave et noble sous ses bandeaux blancs, apparut à la portière du train, à la petite station de Saint-Cyr, et un grand garçon blond, svelte, élégant, lui tendit la main pour l’aider à descendre.

Autour d’eux d’autres parents, d’autres enfants se pressaient, de petites valises ou des paquets à la main ; M. Desjardin, l’excellent chef de gare de Saint-Cyr-l’École, se multipliait pour renseigner les uns et les autres, et la longue colonne des arrivants s’engagea sous le pont du chemin de fer, se dirigeant vers la « grimpette ».

Ainsi appelait-on la petite ruelle qui descend de la gare à l’École Spéciale Militaire, dont les hauts et sévères bâtiments apparaissent au bas de la pente sur laquelle est bâti le village.

Car c’était jour de rentrée à Saint-Cyr, et les « bleus », ou pour parler plus exactement le langage du lieu, les « melons » s’y présentaient à raison de quatre-vingts par jour, suivant leur rang d’admission, les derniers reçus entrant les premiers, comme il est d’usage, paraît-il, au royaume des cieux.

Le groupe qui entrait ce jour-là était l’avant-dernier des cinq groupes qui composaient la promotion 1875-77 : la dernière de Wagram, comme on l’appelle aujourd’hui. Le grand garçon que je viens de vous présenter, mes enfants, figurait donc sur la liste d’admission entre les numéros 80 et 160 :