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C’étaient de ces chacals de champ de bataille…
Puis, peu à peu, le soleil s’inclina très route, se coucha derrière les collines et disparut ; le crépuscule arriva, et le bruit du canon, se faisant de plus en plus rare, finit par cesser avec la nuit.

Mais en même temps, le sommeil m’alourdissait les paupières ; après une lutte opiniâtre, je dus m’avouer vaincu.

— Dors ! mon enfant, me dit Pierre. Dors !… Je te réveillerai quand il sera l’heure !

Alors, accolé aux pieux de la palissade, je m’abandonnai à un sommeil fiévreux, travers par instants — je m’en souviens — de cauchemars évoquant la bataille.

Quand Pierre me réveilla, il était, me dit-il une heure du matin.

Sa carte était bouclée sous son ceinturon, et j’en conclus que, pendant mon repos, il avait dû étudier soigneusement notre plan de fuite.

C’était vrai. Il m’expliqua rapidement qu’étant donnés, d’une part, leur victoire certaine et l’armistice qui leur offrait la certitude de n’être pas attaqués ; d’autre part, la fatigue d’une pareille bataille, les Allemands prendraient sans doute, avec moins de