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Henri courut donc chez son colonel, reçut sa commission, et se rendit aussitôt chez un tailleur d’Alger qui lui fournit une superbe tenue arabe.

Le surlendemain, il embarquait pour Arzew, où il fut fort bien accueilli par son nouveau chef.


Lieutenant de spahis.

Il eut même le plaisir de retrouver aux spahis son ami Lakdar qui s’y était fait envoyer comme lieutenant, et à dater de ce jour, ils se quittèrent peu.

Le service était particulièrement rude. En dehors des reconnaissances, des escortes de convois, de la protection du train des équipages qui allait faire des fourrages, il fallait souvent se porter à la rencontre de l’ennemi qui nous enserrait, et qui, suivant l’expression consacrée, nous donnait du fil à retordre.

Ce furent des chevauchées épiques à travers la brousse, dans les plaines d’alfa.

Jamais un moment de répit ! Un danger de tous les instants, même la nuit.

Mais cette vie de mouvement, de grand air, accompagnée de coups de sabre, de coups de feu échangés, plaisait à Cardignac.

La chance du reste le favorisait toujours : il revenait sans une égratignure !

On eût dit que son triste début en Algérie l’avait rendu invulnérable, que la mort, qui l’avait frôlé de si près, ne voulait plus de lui.

Henri ne se ménageait pourtant pas dans cette campagne autour d’Oran, tantôt dans les marais de la Macta, tantôt sur les cimes des montagnes ; il ne ménageait pas non plus ses cavaliers arabes qui cependant l’adoraient.

Il s’était donné un but bien défini : prendre Abd-el-Kader. Ce n’était pas chose commode, et, à ce jeu-là, il faillit vingt fois y rester, car l’Émir était bien gardé !