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CHAPITRE VI

à travers la poudre


Alger était donc à nous ! Le drapeau tricolore, surmonté du coq gaulois, flottait sur ses murailles. Le coq gaulois, pour la monarchie d’Orléans, remplaçait l’aigle du Premier Empire.

La puissance des Deys avait — du fait de l’occupation de leur capitale — reçu un coup irrémédiable ; l’objectif principal de l’expédition semblait donc atteint, puisque la sécurité des mers était assurée.

Mais un simple coup d’œil jeté sur la carte vous démontrera, mes enfants, mieux que ne pourrait le faire une longue explication, combien la situation du corps d’occupation était précaire malgré son beau succès.

Alger n’est point l’Algérie ; c’était certes un point d’appui, une excellente base d’opérations, mais le plus fort restait à faire.

En effet, si le Dey Hussein n’existait plus, s’il était parti en exil à Naples, en même temps que son vainqueur, Charles x, partait en exil pour l’Angleterre, il restait encore, sur tout le territoire algérien, les Beys, lieutenants de Hussein. Or, ceux-ci n’avaient point désarmé : ils commandaient à des populations animées contre notre pays des sentiments les plus hostiles, et imbues de ce fanatisme musulman qui leur eût suffi, à défaut de patriotisme, pour nous faire une guerre à mort.

Ces Arabes ne défendaient pas seulement leur sol, ils croyaient encore de leur devoir de combattre en nous des chrétiens, des roumis, comme ils nous appelaient.