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marche ; mais, au bout d’un kilomètre, Goelder fléchit. Quant à Muttin, il ne pouvait plus se traîner, malgré l’aide de Cardignac et de l’enseigne qui le soutenaient sous les bras. Le soleil cuisant augmentait la fièvre et la souffrance des deux blessés.


Ils devaient faire ainsi le trajet.
Henri essaya de parlementer, d’attendrir le chef de l’escorte ; mais, d’un air hautain, celui-ci lança un ordre bref accompagné d’un geste de menace.

Cardignac serra les poings, ses yeux flamboyèrent, son regard s’arrêta menaçant sur celui du cavalier.

— Du calme ! ordonna M. d’Assigny, du calme !

Henri se contint : ses ongles entrèrent dans sa chair et la marche reprit. Cent pas plus loin, Muttin tomba.

Goelder qui n’en pouvait plus, s’affaissa à son tour, en lâchant un juron.

— Au tiable ! cria-t-il, ch’aime mieux un coup t’yatacan !

Déjà le kabyle levait son arme ; mais Henri s’était jeté devant son sous-officier. Et le cimeterre ne tomba pas.

Il y eut un silence… puis, dompté sans doute par l’attitude énergique du jeune homme, le