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Et sachez aussi que, réciproquement, le parti qui a de son côté la confiance et l’audace est presque toujours victorieux d’avance.

Or, les Français de 1859 en étaient encore à cette belle période de notre histoire militaire, où on ne pouvait s’imaginer que les descendants des soldats de la Grande Armée fussent battus. Ils se figuraient toujours être les premiers soldats du monde, de même que les zouaves se figuraient être les premiers soldats de l’armée française.

Et forts de cette belle assurance, les colonels lançaient leurs régiments à l’ennemi dès qu’ils l’apercevaient, et les troupiers eux-mêmes, devinant les intentions de leurs chefs, allaient de l’avant avec une audace endiablée.

Aussi, peut-on dire que cette guerre d’Italie fut glorieuse, beaucoup plus grâce au courage du soldat et à la valeur des régiments que par le fait des hautes conceptions du commandement.

Dans cette journée de Magenta, ce fut d’abord la merveilleuse obstination des grenadiers de la Garde qui, de l’autre côté du large canal du « Naviglio Grande », continrent seuls en avant de Ponte di Magenta l’attaque de plusieurs brigades autrichiennes ; puis la bouillante valeur du 2e zouaves, se ruant sur le 9e de ligne autrichien, qui menaçait l’artillerie de la division Espinasse et s’empara du drapeau de ce régiment.

Le nom du zouave Daurière, qui conquit ce trophée, est inscrit en lettres d’or dans l’historique de son régiment, ainsi que celui de l’adjudant Servières qui lui en facilita la conquête, en blessant d’un coup de sabre le porte-drapeau autrichien.


Et, savez-vous, mes enfants, pourquoi les régiments sont si fiers de cet acte d’héroïsme d’un de leurs enfants ? c’est que leur propre drapeau est ensuite décoré de droit.

C’est ainsi qu’il y a en France un certain nombre de drapeaux, portant à leur cravate la croix de la Légion d’honneur ; ils ne sont pas nombreux d’ailleurs et je ne résiste pas au plaisir de vous les citer. Ce sont : le drapeau des chasseurs à pied, décoré à Solférino ; ceux du 51e et du 99e de ligne, décorés au Mexique ; celui du 76e, à Solférino ; celui du 57e, à Gravelotte ; celui du 2e zouaves dont je viens de vous parler, et ceux des 3e zouaves, 3e tirailleurs et 1er chasseurs d’Afrique, décorés au Mexique.