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était rouge aussi. Et près de lui, Goelder, les sourcils froncés, l’œil cruel, ne disait mot, mais frappait comme un forcené.

À l’ordre de son commandant, de Nessy, très calme, n’avait pas répondu, mais il ne l’exécuta point.


Un janissaire.
Un pâle sourire plissa les lèvres de M. d’Assigny.

— Braves jeunes gens ! murmura-t-il tout bas.

Tout en combattant, la petite troupe avait gagné l’extrémité du croissant formé par la plage, et les deux canots, montes chacun par trois hommes et dirigés du même côté, n’étaient plus qu’à trente mètres d’eux.

— De Nessy, répéta le commandant d’une voix vibrante, embarquez ; je le veux !

— Pardonnez-moi, commandant, dit l’officier de marine ; c’est la première fois que je vais désobéir, mais c’est aussi la dernière : je ne puis !…

— Et vous, Cardignac !

Mais le jeune officier n’était plus à ses côtés ; rassemblant les vingt chasseurs qui lui restaient, il s’était rué avec eux contre les Kabyles et venait de les faire reculer d’une centaine de mètres.

C’était un répit de quelques minutes.

Alors le commandant désigna les hommes qui devaient embarquer. Il les connaissait tous comme s’ils eussent été ses enfants, car depuis quatre ans il commandait l’Aventure.

— Toi, Ribière, tu as deux enfants ! Et toi, Tevenenc, tu