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Il la vit à l’entrée de l’escalier qui descendait à l’entrepont ; de la main elle lui fit un signe d’adieu et descendit.

Elle allait reprendre auprès du cercueil son poste de prière jusqu’à ce que la mort vînt l’y relever.

Pierre jeta un appel déchirant :

— Lucienne ! Lucienne !


De la main, elle lui fit un signe d’adieu.
Il s’élança vers elle ; mais une lame énorme s’abattit sur lui et le roula sur le pont : instinctivement il saisit à sa portée une des vergues du grand mât et s’y cramponna avec énergie.

Maintenant, le vaisseau s’enfonçait avec rapidité. Si une seule corde avait été oubliée et rattachait encore le mât au bâtiment, ce mât, avec les malheureux qui s’y cramponnaient désespérément, allait suivre la Stella dans les profondeurs de la mer.

Pierre se fit cette terrible réflexion en sentant l’eau le recouvrir et les vagues s’entrechoquer sur le pont.

Une demi-minute se passa qui lui parut un siècle, puis il sentit qu’il émergeait, respira longuement et sa première pensée fut pour le touchant fardeau qu’il portait.