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CHAPITRE XIV

devant sébastopol


Deux jours après la bataille de l’Alma, de sourdes explosions, venant du sud, apprenaient aux vainqueurs que les Russes de Mentchikoff, dignes successeurs de ceux de Rostopchine, coulaient leurs vaisseaux à coups de canon à l’entrée du port de Sébastopol, pour le rendre inaccessible aux flottes alliées.

Le Maréchal de Saint-Arnaud n’avait pas survécu à son triomphe : abattu par le choléra, il avait dû s’embarquer pour la France, escorté par l’escadron de Henri Cardignac, à qui il adressa, avant de quitter la terre de Crimée, des paroles pleines de cœur et d’affection. Quelques jours après, il mourait en mer, sans avoir revu sa patrie.

Le général Canrobert prit le commandement des forces françaises.

Quand les armées alliées arrivèrent devant Sébastopol, elles trouvèrent la place en état de défense : un ingénieur d’élite, le plus grand de ce siècle, Todleben, s’y était enfermé et avait pris la direction des travaux de fortification. Sous son ardente impulsion, des milliers de bras fouillèrent le sol avec un acharnement farouche ; d’heure en heure, le relief des fortifications s’accrut, les fossés s’approfondirent, de nouveaux bastions sortirent de terre. Pendant que les femmes priaient devant les images, tous les hommes valides et les enfants eux-mêmes maniaient la pioche et le fusil. Une lutte unique dans l’histoire des sièges allait commencer.

On avait espéré emporter la ville par un coup de force, il fallut vite