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CHAPITRE II

prisonniers.


Sauvés !… Ce cri est, en effet, celui que soldats et marins poussèrent en foulant la terre ferme.

Un des chasseurs, natif de Belleville, l’accentua même d’un : « Vive le plancher des vaches ! » énergique et bien senti.

Ce fut, pendant un instant, un échange bruyant d’exclamations joyeuses et même de lazzis, tant il est vrai que, chez le soldat français, la gaieté reste la qualité maîtresse, même au milieu des plus tragiques circonstances.

Seuls, les officiers demeuraient soucieux. Ils s’étaient retirés à l’écart et s’entretenaient à voix basse.

Enfin, après quelques minutes de colloque, le commandant d’Assigny éleva la voix :

— Donc, c’est entendu, lieutenant, dit-il à Cardignac. Vous prenez les mesures de sûreté nécessaires ?

— Entendu, commandant, répondit l’officier qui se dirigea immédiatement vers ses hommes.

Cependant le calme s’était rétabli parmi les matelots et les soldats, et pendant que le sous-lieutenant prescrivait à ses chasseurs de changer la poudre du bassinet des carabines, M. de Nessy s’occupait des embarcations.

Hélas ! au moment du débarquement, on avait négligé de les amarrer, et, avec la marée montante, six d’entre elles avaient repris flot. Puis, emportées par le remous d’un courant, elles avaient dérivé vers la haute mer, comme