Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 2, 1899.djvu/123

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Alors, tu es mon petit garçon ?
Et, sans attendre de réponse, Henri sortit précipitamment et se dirigea vers la ville, où son service l’appelait auprès du général en chef.

Tout en cheminant, lentement toujours, sous l’influence de ces mêmes pensées, il y abandonna son âme avec un bonheur infini, revoyant maintenant sa propre enfance, se remémorant tous les soins dont ils avaient été entourés, lui et son frère Jean.

— Oui, pensait-il, sans la bienveillance d’un officier, sans le dévouement de maman Catherine, sans la rude bonté de grand-papa Belle-Rose, sans la reconnaissance de Maître Sansonneau, serions-nous, Jean et moi, ce que nous sommes devenus tous deux ? Notre bonheur d’aujourd’hui n’est-il pas la résultante de la charité, de la pitié qui a sauvé notre père, et n’avons-nous pas contracté, vis-à-vis de la Providence, qui a mis ces beaux sentiments au cœur de ces humbles de la Grande Armée, l’engagement de faire du bien à notre tour, si nous en trouvions l’occasion ? Eh bien : l’occasion la voilà, et mon devoir est tout tracé !…