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CHAPITRE VIII

sur la brèche


Beaucoup d’hommes de guerre ont coopéré à la conquête de l’Algérie, et non des moindres. Beaucoup y ont acquis un renom justifié, et ont laissé dans notre histoire la trace de leur gloire. Sans les citer tous, les noms de Pélissier, Mac-Mahon, Lamoricière, Randon, Duvivier, Cavaignac, Canrobert — et dans les grades inférieurs, ceux des capitaines Lelièvre et Dutertre et du sergent Blandan — sont devenus populaires ; ils évoquent, avec les phases d’une inoubliable épopée guerrière, l’admiration due aux nobles vertus du soldat !

Pourtant, au milieu de cette admirable pléiade, un nom brille d’une façon tout à fait particulière, car, sans éclipser l’éclat des autres, il mérite une attention spéciale, en raison des multiples qualités de celui qui le portait. Ce nom — je vous l’ai cité déjà — est celui de Bugeaud.

En effet, le général Bugeaud, dont les éclatants services allaient bientôt être récompensés par le bâton semé d’abeilles de Maréchal de France, le général Bugeaud n’était pas seulement un soldat, un excellent manœuvrier à la fois prudent et hardi ; il possédait en outre les qualités maîtresses du conquérant colonial ; la science, la pondération unie à l’extrême énergie, la finesse du diplomate et l’esprit colonisateur. C’est que, mes enfants, il ne suffit pas de conquérir par la force des armes une terre neuve ; que servirait-il de la posséder si on ne l’utilisait pas ?

Il ne suffit pas d’abattre et de repousser des barbares, si l’on doit rester