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« C’est bien, mon enfant ! très bien ! Je te remercie. Tu as bien mérité de la nation et de l’armée. Je vais te garder auprès de moi jusqu’à ce que la neuvième nous ait rejoints, ce qui, je l’espère, ne sera pas long. »


Grenadier autrichien
Puis, se tournant vers un officier qui se trouvait debout derrière lui :

« Macdonald, fit-il, occupez-vous de cet enfant : faites-lui donner à manger ; veillez à ce qu’il ait un endroit pour dormir. »

Jean sortit derrière l’officier et entendit encore Dumouriez qui disait à Thouvenot :

« Les cartes ! vite ! Il s’agit de prendre des dispositions. Donnez des ordres pour qu’on ne nous dérange pas, et envoyez de suite deux courriers à Chazot. Faites-les partir par des routes différentes, surtout. Il faut, à tout prix, que sa division nous rejoigne demain ! »

Et, jusqu’à une heure avancée de la nuit, les deux généraux travaillèrent à la lueur d’une mauvaise chandelle.

Macdonald, à qui le général confiait ainsi le petit tambour, était alors aide de camp de Dumouriez : c’était le futur maréchal de France de Napoléon Ier, le futur duc de Tarente, et Jean Cardignac dut, à ce séjour fortuit auprès de lui, les témoignages d’intérêt que lui prodigua plus tard, en maintes circonstances, le héros de Wagram.

Ce fut à lui que, le soir même, l’enfant montra le médaillon qui lui avait été remis par un officier blessé à l’ambulance de La Croix. Macdonald ne savait pas l’allemand, mais le nom de Saalfeld, que lui répéta le petit tambour, le frappa aussitôt.