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allemands qu’il rencontra dans cette ville ; et, afin d’éviter toute conversation dangereuse :

— Mission spéciale et urgente, ajouta-t-il.

Il arriva à Givet et connut là, pour la première fois, des nouvelles exactes de la campagne de France ; il sut que les Alliés, divisés en deux armées, s’étaient fait battre en détail par Napoléon ; l’armée de Silésie commandée par Blücher à Champaubert, Montmirail, Château-Thierry, Vauchamps ; l’armée de Bohême, commandée par Schwartzemberg à Mormant et Montereau.

Tous ces noms qui lui avaient été cités par son geôlier, comme des étapes funèbres de la défaite finale de l’armée française, étaient donc des noms de victoire !

Mais le grand Empereur n’avait pu, avec la poignée d’hommes qui lui restait, contenir plus longtemps l’invasion, et comptant que Paris résisterait, il avait renoncé à tenir tête aux armées coalisées.

Formant un nouveau plan, il avait résolu de se jeter sur les lignes de communication de l’ennemi, de détruire ses convois, de soulever les paysans sur ses derrières, de rallier en même temps les garnisons de Lorraine et d’Alsace, et de barrer aux Russes, aux Autrichiens et aux Prussiens les défilés des Vosges.

Si Paris avait pu tenir quinze jours, ce plan eut été réalisé, car jamais l’Empereur n’avait été aussi admirable d’activité que pendant cette merveilleuse campagne de France.

Mais Paris n’avait point été mis en état de défense. Ni le roi Joseph, ni le ministre de la guerre, Clarke, ni le gouverneur Hullin, ne s’en étaient préoccupés. On avait trop l’habitude de compter toujours et exclusivement sur Napoléon.

La ceinture de remparts que vous voyez aujourd’hui autour de Paris, mes enfants, n’a été construite qu’en 1840 ; et Thiers, le ministre de Louis-Philippe, qui fit voter par les Chambres la mise en état de défense de la capitale, n’eut qu’à leur rappeler les lugubres souvenirs de 1814 pour obtenir les fonds nécessaires. Tout le monde comprit que la défense nationale serait toujours paralysée par la prise de Paris et on le comprend encore mieux aujourd’hui, puisqu’on en a fait, avec les fortifications nouvelles, une place imprenable.

Ce fut le 30 mars que les Alliés arrivèrent devant Paris, défendu seule-