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Grimbalet grimpa sur le siège ; le fouet des postillons claqua dans l’air, et, derrière la voiture, un piquet de dragons s’ébranla au galop pour l’escorter jusqu’à la première halte. À cet endroit, on changea de chevaux et de postillons, un nouveau piquet de cavaliers (des chasseurs, cette fois) remplaça les dragons, et on continua de la sorte jusqu’à Dresde, changeant de postillons et d’escorte à chaque relais.

C’est ainsi que voyageaient les courriers impériaux, grâce à un piqueur qui partait un jour d’avance, afin de faire préparer les relais.

Sa mission remplie, Jean, selon les ordres reçus, attendit l’Empereur et reprit son service auprès de lui.

Le séjour de Napoléon à Dresde fut de courte durée. Il repartit quelques jours après pour Dantzig.

Cette fois, le doute n’était plus possible : la guerre allait sûrement éclater ; et Jean l’écrivit à Lison :

« Console-toi, ma chère Lise, disait-il, car je reviendrai bientôt et colonel peut-être, s’il plaît à l’Empereur ! Au surplus, je ne suis pas fâché de connaître la Russie. J’ai vu l’extrême sud en Égypte, il est bien juste que je vois l’extrême nord. »

Certes ! notre ami Tapin devait faire à fond la connaissance de la Russie pendant cette terrible campagne de 1812. Après le soleil torride des Pyramides, il devait subir le froid mortel de la Bérézina !…


Le 24 juin 1812, l’armée française traversait le Niémen sur trois ponts de bateaux, lancés sur le fleuve par les pontonniers du général Eblé.

Elle était en route pour Moscou !

Dans cette guerre comme dans les autres, nous devions trouver de la gloire, mais de la gloire trop chèrement payée !

Là encore, malgré son génie clairvoyant, Napoléon commit une faute en s’engageant dans une guerre pareille avec une armée de six cent mille hommes, aussi loin de sa base d’opérations.

1812 marque la date où commence la chute du grand conquérant ! Chute grandiose et terrible, au cours de laquelle il moissonna quand même des lauriers et de la gloire ; mais on doit regretter qu’il n’ait pas su borner ses désirs et refréner ses ambitions après Tilsitt, alors qu’il avait donné à la France la puissance la plus formidable qu’une nation eût jamais atteinte.