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lui sa maison militaire ; et Jean dut, encore une fois, quitter la rue de la Huchette.

Ce fut pour lui un départ vraiment triste car il laissait maîtresse Sansonneau très malade.

Il ne devait plus revoir la bonne femme, et pourtant l’absence de Tapin fut courte. Il était en effet de retour à Paris avec l’Empereur le 23 janvier 1809.

Mais sa bienfaitrice n’était déjà plus !


À cette époque de chevauchées militaires à travers l’Europe, on n’avait pas le temps de songer au repos, et trois mois plus tard, notre ami repartait pour l’Allemagne.

L’Autriche montrant de nouveau des sentiments hostiles à notre égard, Napoléon voulut l’abattre, et pendant que ses armées continuaient à guerroyer en Espagne, il en porta d’autres contre les Autrichiens.

La victoire devait lui demeurer fidèle !

Il battit ses ennemis le 20 avril 1809 à Abensberg ; le 22 mai à Eckmühl, puis prenait Ratisbonne. Le 20 mai, il gagnait la terrible bataille d’Essling où le maréchal Lannes fut tué.

En juin, après avoir fait exécuter dans l’île Lobau, sur le Danube, de prodigieux travaux de défense, il fit préparer des ponts pour passer le fleuve, opération difficile quand on songe que le Danube, au-dessous de Vienne, a un kilomètre de large. Dans la nuit du 5 au 6 juillet, il le franchissait avec toute son armée, et, le lendemain, gagnait la célèbre bataille de Wagram (6 juillet 1809) qui provoquait la conférence d’Altenbourg, suivie le 14 octobre 1809 de la signature de la paix à Vienne.

Dans cette mémorable campagne, Jean Tapin devint officier supérieur.

La garde avait eu beaucoup à souffrir pendant les journées de Wagram et d’Essling. De nombreux officiers avaient été fauchés par la mitraille ; il fallait combler les vides, et c’est ainsi que notre ami (qui s’était d’ailleurs vaillamment conduit dans son service d’officier d’ordonnance), fut nommé, par Napoléon, au commandement du 1er bataillon du 1er Grenadiers.

Grimbalet l’y suivit et fut incorporé à la 1er compagnie.

Jean retrouva, dans son nouveau régiment, son ami Cancalot dont la manche gauche chevronnée était ornée des galons de sergent. L’ancien