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la dure, son douillet lit de plume, au lieu de l’inciter au repos, l’avait tout d’abord fortement énervé.

Il s’était rattrapé en faisant la grasse matinée ; — une fois n’est pas coutume, n’est-il pas vrai ? — et lorsqu’il descendit, il trouva tout son monde en pleine activité.

Dans la cour du fond, transformée en un vaste hangar, Grimbalet faisait, sous la surveillance de Jacques Bailly, charger des ballots sur des voitures.

— Ah ! te voilà mon petit Jean ! s’écria le père de Lison ; je t’attendais justement… Tu vas m’accompagner : j’ai des courses à faire. — Grimbalet ! ordonna-t-il, va nous chercher une « citadine ».

C’est ainsi qu’on nommait les « fiacres » de l’époque qui, pour la plupart, étaient des cabriolets à capote.

Grimbalet obéit et, un quart d’heure plus tard, Jacques Bailly et Jean Cardignac (celui-ci ayant au préalable embrassé tout son monde et surtout sa Lison) roulaient ensemble à travers Paris.

— Mon petit Jean, dit alors Jacques Bailly, j’ai à te fournir des explications.

— Comment cela, Monsieur Bailly ?

— Appelle-moi mon père !… Du reste, j’espère que ce sera bientôt la vérité.

Jean rougit jusqu’aux oreilles, mais ne répondit pas.

— Oui ! continua le négociant, j’ai à te donner des explications au sujet de la maison de commerce. Tu as vu l’enseigne ?

— Oui.

— Eh bien, je n’ai pas fait mettre ton nom parce que j’ignorais quelle serait ta décision.

— Ma décision ?

— Sans doute. L’immeuble et la maison de vente t’appartiennent. M. Sansonneau te les a légués, ainsi que cinq mille écus de rente.

— Oh ! le brave, l’excellent homme !

M. Bazon-Varaine, le tabellion, te donnera tous les détails. Au demeurant, voici les principales dispositions :

« Tu dois verser à Maîtresse Sansonneau 1,500 écus de rente viagère et lui donner le logement. De plus, tu dois partager le complément avec Lisette. »