CHAPITRE II
en route pour la gloire.
De la Grève à l’Arsenal, le trajet n’était pas long, surtout au train dont courait Jean Cardignac.
La joie dans les yeux, il galopait le long du quai, avec cette pensée unique en tête :
« Je suis soldat !… Le colonel Bernadieu m’a pris !… quel bonheur ! »
Des visions d’uniformes, de chevauchées, de canonnades, lui traversaient l’esprit ; et il précipitait sa course folle, se faufilant à travers la cohue des passants, comme une souris dans un fagot.
Pourtant, à hauteur de l’île Saint-Louis, Jean, essoufflé, s’arrêta. Il était en nage, autant de la rapidité de sa course que grâce à l’émotion énorme qu’il éprouvait.
À cet instant, sa pensée se reporta en arrière, vers la boutique de maître Sansonneau.
« Il va m’attendre, ce soir, » murmura-t-il.
Et cette idée l’inquiéta, car, au fond, s’il détestait l’épicerie et surtout la fabrication des chandelles, il aimait bien — malgré sa rudesse — le vieux