Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 1, 1901.djvu/209

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE X

une campagne qui finit mal


Jean Cardignac eut à peine le temps d’échanger avec le Parisien un regard d’étonnement : un grand diable de nègre, vêtu d’une courte tunique blanche serrée à la taille par une large ceinture rouge, s’élança d’un renfoncement obscur où il se tenait accroupi, brandissant un large cimeterre.

Cancalot fit un bond de côté et le coup qui lui était destiné s’amortit sur le divan.

Mais, au même moment, la baïonnette de Jean pénétrait, rapide comme l’éclair, dans le flanc du noir gardien du harem, qui s’abattit comme une masse, pendant que les femmes, tombées à genou, poussaient des cris de terreur.

Jean fit rapidement le tour de la pièce ; des réduits sombres s’ouvraient, tapissés de nattes. Au milieu de l’un d’eux, il distingua une vasque de marbre blanc, dans laquelle tombait en murmurant un mince filet d’eau ; d’étroites ouvertures grillagées laissaient filtrer la lumière, et des tentures aux dessins bizarres, représentant des chameaux, des palmiers et des fleurs, la tamisaient, laissant voir derrière elles des lits de repos couverts de brocart.

Mais nulle part le petit sergent ne discerna d’issue.

Une seule était là, bien apparente, celle par laquelle il était arrivé ; mais la pièce était très haute et il ne fallait pas songer à en atteindre le plafond.

— Nous sommes pris ! déclara Jean.