Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 1, 1901.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seuil de la boutique, maître Sansonneau, assis derrière son comptoir, ne le reconnut pas tout d’abord et ôta son chapeau.

« Qu’y a-t-il pour votre service, monsieur le soldat ? demanda-t-il.

— Il faut dire « citoyen », fit Jean en grossissant sa voix pour prolonger la méprise. Seriez-vous un ci-devant, maître Sansonneau ?… »



L’épicier examinait avec respect le sabre d’honneur.

Mais, du fond de la boutique, un cri avait retenti : dame Sansonneau avait reconnu le petit soldat.

« Jésus ! fit-elle, c’est notre petit Jean ! »

Et je vous laisse à penser, mes enfants, quelles effusions s’ensuivirent. L’épicier avait eu un moment d’émotion, car on vivait à une époque où il suffisait d’un mot malheureux pour faire condamner un homme, et sa joie de retrouver son ancien commis en fut accrue.