Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 1, 1901.djvu/113

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE VI

où jean tapin dut manger de la soupe « au chat »
et comment il fit la connaissance du général kléber


La France était — une première fois — sauvée de l’invasion !

La victoire de Valmy, due à la ténacité et au génie de Dumouriez, remplit tous les cœurs d’allégresse ; le danger, pourtant, était bien loin d’être conjuré.

En effet, si les Prussiens battus à Valmy s’étaient immédiatement mis en retraite et rentraient en Allemagne, les Autrichiens étaient encore chez nous.

Sous les ordres du duc de Saxe-Teschen, ils venaient de mettre le siège devant Lille ; et ce fut grâce à l’indomptable énergie des habitants de cette place forte que les Autrichiens ne purent avancer plus loin. Les Lillois subirent, avec un stoïcisme admirable, un bombardement furieux qui dura six jours ; mais ils tinrent bon, et vous avez peut-être entendu parler de ce barbier qui, ramassant un éclat de bombe, y fit mousser du savon et rasa en pleine rue tous ceux qui osèrent se présenter.

L’anecdote remonte à ce siège fameux, et il paraît que nombreux furent les clients de ce barbier sans peur.

La résistance de Lille donna aux généraux Labourdonnaie et Beurnonville le temps de se porter à son secours, et l’arrivée des troupes françaises força les Autrichiens à lever le siège.

Mais — direz-vous — puisque les Prussiens vaincus s’enfuyaient, Dumouriez dut les poursuivre l’épée dans les reins et les anéantir ?

C’est, en effet, mes enfants, ce qu’il eut dû faire. Mais, malheureusement,