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PENDANT LA PÉRIODE ItÉVOLDTIOXXAlRE 313

Lepelletier qui se trouvaient au théâtre Mareux, il sortit de l’aventure quasiment porté en triomphe par les farouches citoyens de la section devant laquelle son méfait avait été porté. On le trouva si amusant qu’il finit par recevoir les ambrassades des sectionnaires.

Et pourtant on ne plaisantait pas avec les bustes de Marat et de Lepelletier ; dont un couplet de vaudeville disait que « les aristocrates les avaient chez eux comme un paratonnerre ». Ils servaient, en effet, comme témoignage de civisme, et c’est ainsi que Sophie Arnould, qui n’était point, et pour cause, du parti de la Révolution, se vit bien notée dans son quartier, parce que, au cours d’une visite domiciliaire, on avait trouvé chez elle un buste de Marat coiffé d’un turban. Alors, le bon sans-culotte qui faisait cette perquisition poussa cette exclamation : « Tiens ! t’as Marat ! t’es donc une patriote toi ! »

L’aventure arrivée à La Bussière à propos des bustes brisés n’est qu’un exemple des amabilités du public envers les comédiens, et particulièrement pour les comiques. L’acteur Michot en eut, lui aussi, le bénéfice. Un jour, par on ne sait quelle fantaisie de la foule, frappée par sa belle prestance, il avait été pris pour un fermier général. On cria : « A la lanterne ! » et il avait déjà la corde au cou, lorsqu’un passant s’écria : « Mais c’est le porichinelle de la République ! » Vite on lui retira la cravate de chanvre, et « le porichinnelle » fut porté en triomphe par ceux qui allaient pendre le fermier général.

Le cas de La Bussière, quoi qu’il se fût tiré d’embarras, laissait derrière lui un souvenir très dangereux. Comme, d’autre part, le théâtre ne le nourrissait pas, il se mit en tête d’un autre gagne-pain et, non sans hésitation, il