24 CONTES ALBANAIS
qui le prit et le mena chez lui. Quant au derviche, après s’être ainsi défait du berger, il quitta le village.
Le lendemain, le prêtre ouvrit les volets pour s’assurer si le nouveau berger avait fait sortir les moutons au pâturage, mais il eut beau regarder, il ne vit rien ; car le berger, en vrai loup qu’il était, les avait mangés sans même en laisser un. Il se rend à la station du bétail, et là encore il ne trouve trace de moutons. Aussitôt jetant son fusil sur l’épaule, il part à la recherche du derviche.
Mais le derviche lui-même avait trouvé sur son chemin des voleurs, lesquels ne pouvaient se mettre d’accord pour faire le partage de l’argent qu’ils avaient dérobé. En apercevant le voyageur, ils lui remettent l’argent, en le priant de le distribuer entre eux, en honnête derviche. Soit, dit-il, mais je ne veux pas de querelle ; pour cela le mieux est que je vous attache tous, tant que vous êtes, à cet arbre. Après les avoir liés solidement, il fait les parts, il en prend une et la met dans sa poche, puis une seconde, et ainsi de toutes les autres ; ensuite il détale.
Le prêtre, à force de chercher de côté et