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blessure du petit couteau qu’avait tiré Straker pour se défendre ; ensuite, de deux choses l’une : ou le voleur a conduit le cheval dans une cachette, dans laquelle celui-ci est resté caché depuis lors, ou il l’a laissé échapper pendant la lutte, et l’animal se promène maintenant à travers la lande. Voilà comment la police doit envisager l’affaire, et, malgré les nombreuses improbabilités que renferme cette version, toute autre en présente bien plus encore. Enfin quand je serai sur les lieux, je saurai bien vite à quoi m’en tenir ; mais jusque-là je ne vois pas comment nous pourrions parvenir à y voir plus clair.

La journée touchait à sa fin lorsque nous arrivâmes à la petite ville de Tavistock, qui se trouve plantée au centre du Dartmoor comme une bosse au milieu d’un bouclier. Deux personnes nous attendaient à la gare : l’une était un grand homme blond aux yeux bleu clair d’une pénétration singulière, mais avec des cheveux et une barbe qui le faisaient ressembler à un lion ; l’autre, petit, vif, très fringant dans sa mise soignée vêtu d’une redingote et d’une culotte se terminant par des guêtres, portait des petits favoris parfaitement peignés et avait un monocle dans l’œil. Ce dernier était le colonel Ross, le sportsman bien connu ; l’autre, l’inspecteur Gregory, un homme en train de faire rapidement son chemin dans la police anglaise.