mon enfant. Pendant trois ans, je vous ai caché son existence, mais je la savais en bonne santé, car sa bonne m’écrivait régulièrement. Au bout de ce temps, je fus prise d’un désir irrésistible de revoir ma fille. En vain, je luttai contre ce sentiment et bien que je prévisse le danger auquel je m’exposais, je me décidai à la faire venir, ne fût-ce que pour quelques semaines. J’envoyai cent livres à la bonne, et je lui donnai les ordres nécessaires pour qu’elle habitât dans ce cottage en voisine, sans avoir l’air de me connaître. Je poussai la prudence jusqu’à lui recommander de ne pas laisser sortir l’enfant pendant la journée et de lui couvrir la figure et les mains afin d’éviter les bavardages que n’aurait pas manqué de faire naître la présence d’une petite négresse dans le voisinage. J’aurais peut-être pris moins de précaution, et c’eût été plus habile, si je n’avais pas tremblé à la pensée que vous pourriez apprendre la vérité !
« C’est vous le premier qui m’avez annoncé que le chalet était habité ; je dus attendre, pour y aller, qu’il fît jour, mais l’état d’énervement dans lequel je me trouvais m’empêcha de dormir et alors je me glissai dehors, sans aucune crainte, sachant combien vous avez le sommeil dur. Malheureusement, vous me vîtes partir et ce fut le commencement de mes ennuis. Le lendemain, mon secret était à votre merci ; noble-