Page:Doyle Souvenirs de Sherlock Holmes.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dement sur la grande route unie et poussiéreuse ; au loin, la longue ligne des Broads dorée par le soleil couchant. J’apercevais déjà au-dessus d’un petit bois, sur notre gauche, les hautes cheminées et le mât de pavillon qui désignaient la demeure du riche propriétaire.

« — Mon père, continua mon compagnon, prit cet homme à son service en qualité de jardinier ; puis, comme ce travail ne lui convenait pas, il fut promu maître d’hôtel. Bientôt, il fut maître dans la maison, entrant partout et n’en faisant qu’à sa tête. Comme les femmes se plaignaient de son ivrognerie et de son langage grossier, mon pauvre père augmenta leurs gages pour les dédommager. Cet animal s’est approprié en outre le bateau et le meilleur fusil de mon père pour s’offrir des parties de chasse. Et tout cela, avec un air si railleur, des clignements d’yeux si insolents, que je l’aurais assommé vingt fois, n’eût été son âge. Je vous assure, Holmes, que j’ai souvent dû me tenir à quatre pour ne pas lui porter un mauvais coup ; je me demande aujourd’hui si je n’ai pas eu tort de me contenir ainsi.

« Enfin, tout marchait de travers, et cet animal d’Hudson dévenait de plus en plus familier, si bien qu’un jour, à la suite d’une réponse insolente qu’il fit à mon père devant moi, je le pris par les épaules et l’expulsai de la pièce. Il devint livide et me jeta, en s’éloignant, un de ces