Page:Doyle Chien des Baskerville.djvu/88

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de bonne heure dans nos chambres ?… Demain matin, les choses nous sembleront peut-être plus riantes. »

Avant de me coucher, j’ouvris mes rideaux pour jeter un coup d’œil sur la campagne. Ma fenêtre donnait sur la pelouse, devant la porte du hall. Au delà, deux bouquets d’arbres s’agitaient en gémissant sous le souffle du vent.

Une partie du disque de la lune apparaissait dans une déchirure des nuages. À cette pâle clarté, je vis, derrière les arbres, la dentelure des roches, ainsi que l’interminable et mélancolique déclivité de la lande.

Je refermai mon rideau avec la sensation que cette dernière impression ne le cédait en rien à celles déjà éprouvées.

Et cependant elle devait être suivie d’une autre non moins pénible !

La fatigue me tenait éveillé. Je me retournais dans mon lit, à la recherche d’un sommeil qui me fuyait sans cesse.

Dans le lointain, une horloge à carillon sonnait tous les quarts ; elle rompait seule le silence de mort qui pesait sur la maison.

Tout à coup un bruit parvint à mon oreille, distinct, sonore, reconnaissable.

C’était un gémissement de femme — le gémissement étouffé de quelqu’un en proie à un inconsolable chagrin.

Je me dressai sur mon séant et j’écoutai avidement.