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vous le répète ici, nous n’avons jamais eu à combattre d’ennemi plus digne de nous.

— Je regrette qu’il vous ait vu.

— Je le regrettais aussi, tout d’abord. Mais il n’y avait pas moyen d’éviter cette rencontre.

— Pensez-vous que votre présence au château modifie ses plans ? demandai-je.

— Elle peut le rendre plus prudent ou, au contraire, le pousser à la témérité. Comme la plupart des criminels habiles, il est capable de trop compter sur son habileté et de croire qu’il nous a dupés.

— Pourquoi ne l’avons-nous pas arrêté ?

— Mon cher Watson, vous êtes un homme d’action, vous ! Votre tempérament vous porte aux actes d’énergie. Mais supposons, par exemple, que nous l’ayons arrêté tout à l’heure, qu’en serait-il résulté de bon pour nous ? Quelles preuves fournirions-nous contre lui ? C’est en cela qu’il est rusé comme un démon. Si nous tenions un complice qui fût en mesure de déposer devant les juges, passe encore ! J’admets même que nous nous emparions de ce chien… Il ne constituerait pas une preuve suffisante pour qu’on nouât une corde autour du cou de son maître.

— Il y a la mort de sir Charles.

— L’examen de son cadavre n’a révélé aucune trace de blessure. Vous et moi, nous savons qu’une frayeur l’a tué et nous connaissons la cause de cette frayeur. Mais comment faire pénétrer cette certitude dans le cœur de douze jurés imbéciles ? Comment