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Au centre de la hutte, une grande pierre plate remplaçait la table absente. On y avait posé un paquet enveloppé d’étoffe — le même sans doute qu’une heure auparavant le gamin portait sur ses épaules. Il contenait un morceau de pain frais, de la langue fumée et deux petits pots de confiture.

Lorsque je le replaçai sur la pierre, après l’avoir examiné, je tressaillis à la vue d’une feuille de papier sur laquelle une main inexpérimentée avait, d’une grosse écriture, griffonné ces mots :

« Le docteur Watson est allé à Coombe Tracey. »

Pendant une minute, je demeurai immobile, ce papier à la main, me demandant ce que signifiait ce laconique message.

C’était donc moi — et non pas sir Henry — qu’espionnait l’inconnu ! N’osant pas me suivre lui-même, il avait lancé quelqu’un à mes trousses — le gamin, sans doute — et j’avais son rapport sous les yeux !

Peut-être, depuis mon arrivée sur la lande, n’avais-je pas fait un pas ou dit un mot qui n’eût été observé et rapporté !

Je ressentis alors le poids d’une force invisible, d’un filet tendu autour de nous avec une adresse si surprenante et nous enserrant si légèrement, qu’il ne fallait rien moins qu’une circonstance solennelle pour deviner qu’on était enveloppé dans ses mailles.

D’autres rapports avaient dû précéder celui-ci. Je les cherchai partout. Je n’en trouvai de traces nulle part — pas plus d’ailleurs que d’indices révélateurs