Page:Doyle Chien des Baskerville.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Par un heureux hasard, la lune vint à déchirer son voile de nuages. Nous escaladâmes le monticule. Parvenus au sommet, nous distinguâmes Selden qui en descendait précipitamment la pente escarpée, en faisant voler les cailloux de tous côtés, tel un chamois.

« J’aurais pu l’abattre d’un coup de revolver ; mais je n’avais emporté cette arme que pour me défendre en cas d’attaque, et non pas pour tirer sur un fuyard sans défense.

« Nous étions, sir Henry et moi, d’excellents coureurs parfaitement entraînés. Seulement nous nous rendîmes bien vite compte que nous ne rattraperions pas notre homme.

« Longtemps, à la clarté de la lune, nous le suivîmes jusqu’à ce qu’il ne fût plus qu’un point imperceptible, glissant rapidement à travers les rochers qui hérissaient une colline éloignée.

« Nous courûmes jusqu’à perte d’haleine ; mais l’espace entre lui et nous s’élargissait de plus en plus. Finalement nous nous arrêtâmes, exténués, pour nous asseoir et le regarder disparaître au loin.

« Ce fut à ce moment que survint la chose du monde la plus extraordinaire et la plus inattendue.

« Nous venions de nous relever, et nous nous disposions à reprendre le chemin du château, abandonnant cette inutile poursuite.

« Vers notre droite, la lune s’abaissait sur l’horizon. Déjà la cime d’un pic avait mordu la partie inférieure de son disque argenté.